Parfois la politique est affaire de masques. Le PPE, la droite parlementaire européenne, vient ainsi de tenter de s'emparer des apparences de la vertu en affichant son désaccord avec Orban. Mais qu'on ne s'y trompe pas. La décision prise hier par le PPE de suspendre le Fidesz, le parti de Viktor Orban n'est qu'un trompe l'œil. A première vue, le PPE semble enfin désavouer les positions politiques extrémistes du Hongrois, et peut ainsi continuer à afficher une façade de respectabilité. Mais la réalité est plus complexe : en réalité il s'agit d'une triste manœuvre visant à gagner du temps et à repousser aux calendes grecques le moment de clarification politique. La suspension prononcée est par définition temporaire. Si l'on ajoute que la suspension votée offre en réalité la possibilité au parti d'Orban de redevenir membre de plein droit après décision d'un comité d'évaluation, on comprend davantage encore qu'il s'agit d'un simulacre. Tactiquement il s'agit juste de jouer à saute-moutons avec les élections européennes, et de reporter à demain une éventuelle confrontation.
Faute de temps, on ne développera pas ici en détails les soubassements de l'Europe d'Orban. Mais il suffira de rappeler qu'il mène des offensives permanentes contre les droits des femmes et est le plus virulent tribun anti-migrants de la scène européenne, pour qu'il soit possible de comprendre ce qu'il représente.
« L'orbanisation de la droite européenne est en cours »
On s'étonne, au regard des positions d'Orban que le PPE n'ait pas pris une position plus forte. Il convient de comprendre qu'au sein du PPE, la réprobation n'est pas unanime loin de là. N'en déplaise à celles et ceux qui, y compris à droite, la combattent sincèrement : l'orbanisation de la droite européenne est en cours. Derrière les outrances, les provocations et les coups de mentons du leader hongrois, il faut voir une stratégie constante et cohérente visant à polariser très fortement le champs politique autour des questions identitaires. Dans cette vision, l'identité européenne est essentialiste, semble puiser dans des temps immémoriaux et reposer non pas sur une communauté de destin mais sur des valeurs intégristes et excluantes. De ce point de vue, la désignation de François Xavier Bellamy comme tête de liste des Républicains est un signal fort. Bellamy c'est la régression dans un bas de soie, la réaction avec un visage avenant, la haine des autres parée des atours de l'intellectualisme. La complaisance dont il bénéficie doit inquiéter : Bellamy n'est que la version versaillaise d'Orban. Il insinue quand l'autre tonitrue. Nous devons refuser la révolution conservatrice qu'il porte de sa voix doucereuse. Même avec une gueule d'ange, c'est bien le diable qui s'habille en Barbour©.
Dans cette campagne européenne, les écologistes portent l'exigence climatique, mais aussi une autre vision de l'identité européenne. Notre Europe n'est pas une forteresse, mais l'espace politique où nous menons bataille pour la refondation d'un ordre mondial plus juste. Nous sommes citoyennes et citoyens de la planète, unies par une communauté de destin terrestre. Si nous défendons les terroirs ce n'est pas pour en exclure quiconque mais pour les préserver de la prédation capitaliste. Si nous protégeons la terre ce n'est pas parce qu'elle ne ment pas mais parce qu'elle est notre maison commune. L'idée de nature que nous défendons n'est pas le paravent d'une assignation au respect d'un ordre social inique fondé sur la domination patriarcale. Notre écologie est au contraire une écologie de libération, qui sauve la planète par la solidarité et la coopération. Nous voulons étendre et garantir les droits des femmes. Nous voulons une Europe de l'accueil digne des migrants. Nous avançons sans masques parce que nous savons que nos combats sont justes. Orban et tous ses complices européens sont nos adversaires. L'élection à venir doit les défaire. Le bulletin écologiste, est de ce point de vue, le plus clair démenti à leur apporter.
Rendez-vous en mai.
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