La deuxième conférence environnementale sera ouverte ce vendredi par le Président de la République. Une année s'est écoulée depuis les discours volontaires prononcés par le chef de l'Etat et le chef du gouvernement en faveur d'un changement de modèle de développement. Cette année n'a pas été perdue. Elle a permis de mettre en place des groupes de travail pluriels sur de très nombreux sujets environnementaux et d'ouvrir un grand débat national sur la transition énergétique et son financement, notamment à travers la fiscalité.
Mais l'année passée a été aussi celle du limogeage de Delphine Batho, alors Ministre de l'Ecologie ; de la baisse significative du budget de son ministère et l'envoi de nombreux signaux contradictoires faisant douter de la volonté réelle d'intégrer durablement l'écologie dans les politiques publiques.
Nous avions, de même que l'ensemble des associations environnementales, fait depuis de nombreux mois de cette conférence environnementale l'un des rendez-vous majeurs du quinquennat. C'est en effet maintenant, après avoir pris le temps du débat, des confrontations et des expertises, qu'il appartient au Président de la République et au Premier Ministre de fixer le cap des grandes transitions écologiques dont la France et l'Europe ont impérativement besoin en terme d'énergie, de transport, de sauvegarde de la biodiversité, des ressources naturelles et de protection de la santé. Ce rendez-vous est capital. C'est là qu'après des mois de paroles doivent être posés les actes, définis les objectifs et les calendriers.
Ce rendez-vous, évidemment, n'est pas seul. Mais il conditionne en grande partie les autres. La présentation de la Loi de Finances – le budget – en Conseil des Ministres, les débats et le vote qui suivront au Parlement, diront comment financer les grandes orientations définies lors de la conférence. La fiscalité écologique est un instrument - certes indispensable - mais elle n'est pas une fin en soi, elle doit permettre de modifier les pratiques pour les rendre plus sobres et plus durables et toujours conserver un rôle redistributif. L'écologie n'est pas punitive, elle est incitative.
Dès lors, il n'est nullement question, comme je l'ai lu dans la presse, d'un ultimatum posé au gouvernement. Simplement le rappel clair et déterminé par les écologistes d'un rendez-vous pris de longue date sur lequel nous attendons que les plus hautes autorités de l'Etat soient à la hauteur des défis qui se posent. Si un ultimatum est posé, ça n'est pas le nôtre, mais celui du climat, de l'épuisement des ressources naturelles, de l'exploitation intensive ou l'artificialisation des terres agricoles, de la disparition de la biodiversité, des pollutions de l'eau et de l'air, de la santé et de la montée des inégalités. Il en va de l'intérêt général et en aucun cas d'un débat entre formations politiques ou d'un quelconque cadeau qui serait fait aux écologistes.
Oserons-nous en finir avec l'éternelle reproduction d'un modèle dépassé fondé sur le mythe productiviste pour sérieusement affronter les mutations auxquelles il faut faire face ? Voulons-nous, oui ou non, créer les centaines de milliers d'emplois que permettrait la mutation de notre appareil productif et ouvrir enfin des perspectives positives à la jeunesse et à des salariés déboussolés ? Voulons-nous vraiment redonner à notre pays des ambitions solidaires, des raisons de désirer l'avenir plutôt que le craindre, de faire vivre son imagination, afin déjà de rendre le présent plus désirable? Tels sont les enjeux de la conférence environnementale. Mais ne soyons pas naïfs, ce nouveau modèle heurte tous les conservatismes et de très nombreux intérêts privés qui résistent et le combattent en jouant sur nos divisions et nos incohérences. Pour gagner, nous devons rester unis, fermes sur nos convictions et concentrés sur notre objectif.
Pascal Durand, secrétaire national d'EELV
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