A l'heure de la multiplication des plans sociaux en France, de PSA à Aulnay, des Goodyear à Amiens, de Petroplus de Petit-Couronne ou encore d'Arcelor à Florange, le Conseil européen fait le choix d'une politique budgétaire de rigueur.
Dans ce contexte, le rôle des écologistes n'est-il pas d'affronter les conservatismes d'où qu'ils viennent ? De porter le rassemblement auprès des citoyen/nes sur la base de programmes novateurs pour répondre dès aujourd'hui à l'urgence écologique et sociale ? D'aller chercher, en leur ouvrant l'espace démocratique, toutes celles et tous ceux qui préfèrent s'abstenir plutôt que d'avoir à choisir entre le chômage de masse ou la crise ?
L'élection de François Hollande devait donner lieu à une nouvelle politique de croissance. Force est de constater que la politique d'austérité prônée par le britannique David Cameron l'a emportée dans les discussions au sein du Conseil européen. Un budget historique… parce qu'en baisse pour la première fois !
Un drôle de compromis où l'on ne trouve plus trace du pacte de relance, où par exemple les grands investissements dédiés à l'interconnexion des systèmes de transport, d'énergie et de télécoms européens font les frais de cette rigueur, tout comme l'aide alimentaire qui passerait de 500 à 350 millions d'euros par an, un manque à gagner dramatique si l'on en croit toutes les associations humanitaires concernées. En revanche, rappelons que l'ITER, ce réacteur nucléaire expérimental européen, recevra bien une enveloppe de 2,7 milliards d'euros… Et que la PAC ne viendra pas en aide à l'ensemble des agriculteurs mais restera prioritairement au service de la puissante agroalimentaire, en l'occurrence française.
Oui, parlons-en de la PAC. Nos parlementaires souhaitaient qu'elle soit infléchie afin d'aller dans le sens d'une meilleure répartition des aides publiques, et pour aider à la réorientation des pratiques agricoles. En refusant d'abaisser le plafond (à 100 000 €) des aides, l'Europe refuse de récupérer des fonds qui serviraient à soutenir l'agriculture familiale, former les jeunes, aider les plus démunis, lutter contre les pratiques accentuant le réchauffement climatique… Mais le Conseil a refusé de nous entendre. Reste que les parlementaires disposent encore d'un mois pour essayer de convaincre leurs collègues pour trouver des amendements ou des compromis afin d'améliorer les textes.
Et s'ils échouent, il faut rappeler que nos eurodéputés ne seront pas obligés de valider ce budget en juillet prochain. Car si cet accord est le reflet d'une Europe majoritairement conservatrice et à droite aujourd'hui, rien ne dit que demain il en sera de même. Laissons-nous le temps, un an, pour que les citoyens européens se prononcent : ils pourront alors préciser leur ambition budgétaire collective. Ce seront ce nouveau Parlement et la nouvelle Commission issus des urnes en 2014 qui devront préparer notre avenir. Et d'ici là, des élections auront eu lieu en Italie et en Allemagne…
Les Européens auront tout loisir de dire alors s'ils veulent donner à la gauche, et aux écologistes, le pouvoir d'inverser cette politique d'austérité, de lui donner un nouveau souffle.
Nathalie Laville
membre du Bureau Exécutif, chargée des Campagnes et actions et Communication
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