En proposant une « refondation de l’éducation », le gouvernement a mis la barre très haut. Là, justement, où les écologistes voulaient la placer.
Les écologistes sont convaincus, en effet, que l’on ne peut plus se contenter de réparer un « système éducatif » à bout de souffle, mais qu’il est temps de le « refonder » sur de nouvelles valeurs. En lieu et place de la sélection par l’échec dans un système individualiste, ils veulent la réussite de tous par une pédagogie résolument coopérative. Contre une évaluation qui classe, ils veulent une évaluation qui valorise et encourage le dépassement de soi. À côté des savoirs disciplinaires nécessaires, ils affirment l’importance de l’éducation artistique et culturelle, de l’éducation à l’environnement, à la santé, à la citoyenneté. Pour lutter contre l’anonymat, l’indifférence et la violence, ils veulent des unités pédagogiques à taille humaine dans des établissements éco-responsables. Pour combattre le consumérisme scolaire et le découragement des enseignants, ils veulent une autre gestion de l’institution, qui rompe avec la concurrence libérale qui gangrène l’école…
Mais les écologistes sont aussi convaincus que ce n’est pas seulement l’école qu’il faut refonder, mais bien l’éducation, dans toutes ses composantes. Ils prônent le soutien aux familles les plus défavorisées, l’aménagement de la ville pour que l’enfant y ait toute sa place, la relance de l’éducation populaire et de la formation tout au long de la vie, le rôle éducatif des médias, la lutte contre l’immédiateté pulsionnelle promue par les machineries publicitaires et technologiques. Ils veulent que l’éducation permette à l’enfant de grandir sereinement, de découvrir le monde et d’apprendre à s’y comporter en citoyen plus qu’en consommateur. Et ils pensent que c’est toute la société qui doit se mobiliser pour garantir le premier des droits de l’enfant : le droit à l’éducation.
Au regard de ces ambitions, la loi sur « la refondation de l’éducation » n’est qu’un modeste premier pas. Beaucoup de travail reste à faire. En articulation avec la commission « éducation » du mouvement, les parlementaires écologistes ont joué le jeu : ils ont déjà fait avancer les choses et ces pages en témoignent. Nous continuerons, sans relâcher notre effort. Car deux questions indissociables structurent notre engagement : « Quel monde laisserons-nous à nos enfants ? » et « Quels enfants laisserons-nous au monde ? »
Philippe Meirieu
Président du conseil fédéral d’EELV
Vice-président de la région Rhône-Alpes, chargé de la formation tout au long de la vie
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