Au terme d’un an et demi de débat électoral soutenu, la partie de la société qui croit encore à l’utilité du vote a écarté pour cinq ans la droite de l’exercice du pouvoir et de la possibilité de faire des lois.
Celle-ci a été sanctionnée pour la pierre apportée à l’implacable système de la finance dont la crise s’est ensuite retournée contre son gouvernement, pour l’énorme creusement des inégalités, pour son mauvais style de gouvernement, pour son irrépressible propension à diviser toujours et encore le corps social. Pour ses mensonges permanents en matière d’environnement.
Sanctionnée enfin pour la dérive extrémiste d’une partie d’entre elle qui a cru malin de courir derrière les thèses de l’extrême droite xénophobe et antieuropéenne.
L’état dans lequel dix ans de gouvernement de droite laissent la France est préoccupant : surendetté, mal outillé face à la crise globale, ayant négligé sa dimension écologique et peu préparé son appareil productif à l’inévitable transition énergétique, miné moralement par l’abandon de pans entiers de ses territoires et de ses populations ainsi que par le délitement démocratique depuis dix ans, notre pays se trouve confronté à des défis immenses.
Il lui faut impérativement dans les années qui s’ouvrent retrouver les voies de la cohésion, reprendre le chemin de l’application du droit pour tous à l’habitat, à l’activité, au revenu, à l’éducation et à la nature, investir pour l’avenir et notamment celui de la planète alors même que le règlement des factures impayées du passé va peser lourd.
Pour cela, les électeurs ont clairement donné au parti socialiste une large majorité.
Ils ont l’un dans l’autre approuvé un programme présidentiel marqué par un retour à la normalité démocratique, par un équilibre plus juste entre travail et capital, un dosage a priori plus équitable entre rigueur et solidarité, une stratégie tournée vers l’Europe et la décentralisation.
Marqué aussi par l’espoir aussi que le retour à la croissance serait l’entrée économique permettant plus de justice, de progrès social voire d’écologie.
Malgré leurs différences fortes, et notamment sur ce dernier point, les écologistes ont fait le choix de s’inscrire dans le processus de cette alternance et ils ont pris leur part à la victoire.
Dans le système de la cinquième République, ou les coalitions profitent souvent à l’allié le plus puissant, cet apparent détour n’était pas simple.
S’il a pu leur faire perdre un peu en lisibilité pendant la séquence précédente, il leur donnera pendant toute celle qui vient une forte crédibilité et une bien plus grande capacité d’action.
Avec onze sénateurs, dix-huit députés, deux ministres, des centaines d’élus territoriaux, les écologistes français sont désormais et pour la première fois de leur histoire, installés de plain pied et à (presque) tous les étages et des dispositifs de nos institutions.
Le temps est venu pour eux de montrer dans la pratique leur forte valeur ajoutée dans le contexte difficile des crises et d’un certain épuisement de la République
Cette valeur ajoutée réside par exemple dans le fait d’accorder une attention plus grande à l’accès aux biens collectifs (santé, logement, éducation, ressources) qu’au gaspillage généralisé et à la surconsommation de quelques uns.
A la prévention plutôt qu’à la réparation sans fin d’un système qui génère des exclusions, des épidémies et des catastrophes
A la démocratie économique et à la reconversion écologique des productions vers les filières d’avenir plutôt qu’aux monopoles et aux rentes des siècles précédents.
Aux technologies porteuses d’emplois robustes, diffuseuses de revenus et de qualité de vie plutôt qu’à celles qui les concentrent entre quelques mains et quelques territoires dits d’excellence.
A l’Europe des régions, à l’ouverture au monde plutôt qu’aux replis protectionnistes et chauvins.
Et surtout à la mobilisation des populations plutôt qu’à leur abandon et à leur mise sous assistance ou sous tutelle.
Dans les mois et les années qui viennent, non seulement les écologistes parient sur la réussite de la coalition à laquelle ils participent, mais ils en sont convaincus : Par les messages qu’ils diffuseront et où qu’ils soient placés dans la société, par les réformes qu’ils impulseront, par les innovations qu’ils développeront, ils détiennent des clefs majeures du passage de l’alternance aux alternatives.
Jacques Archimbaud
Secrétaire national adjoint
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