Toutes celles et tous ceux qui vivent sur notre territoire ont le droit de se marier, de voter, de se loger, de se nourrir, de se chauffer, de travailler, de se soigner… autant d’évidences qui sont pourtant des combats à mener avec une vigueur renouvelée parce que nous sommes confrontés à des crises majeures.
La rupture civilisationnelle, nous y sommes !
Voici tout juste dix ans, J.-P. Raffarin, alors Premier ministre, nous expliquait que ce n’était pas la rue qui gouvernait. Pourtant, le week-end dernier, plusieurs centaines de milliers de manifestants protestaient contre le projet de loi sur le mariage pour tous prochainement discuté au Parlement. Quelques semaines auparavant, c’était ses partisans qui défilaient dans les rues de France, et dans quelques jours, ce seront de nouveau ses supporters qui battront le pavé pour redire leur soutien à cette loi.
Quel que soit le gouvernement en place, et quelles que soient les opinions qui s’expriment face à ce pouvoir, de droite ou de gauche, les citoyens ressentent de plus en plus souvent le besoin d’exprimer leur désaccord ou leur soutien dans la rue. Les citoyens, mais aussi les corps constitués comme les associations, les syndicats, les partis…
Pour ne parler que de ce qui s’est passé ces derniers mois, rappelons l’occupation du parvis de La Défense par les Indignés, la manifestation des « vrais » travailleurs pour protester contre la politique antisociale de N. Sarkozy, les Primaires ouvertes des socialistes lors des Présidentielles, que le combat contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes s’est popularisé grâce à l’action de terrain des « zadistes » qui ont réinvesti la rue – ou plutôt les champs ! –, que le soutien à un projet de loi sur le vote des résidents étrangers s’exprime dans des pétitions ou votations citoyennes s’exerçant dans la rue, que Stéphane Gatignon a obtenu une hausse des subventions pour Sevran et les villes les plus pauvres parce qu’il a fait une grève de la faim dans la rue…
Dans un monde du travail de plus en plus déstructuré et personnalisé, et où la valeur du collectif tend à se perdre, ces manifestations permettent la construction d’identités collectives. La mobilisation passe désormais par la réappropriation de cet espace public via des structures d’organisation souples, en réseau, transversales, autonomes. Force est de constater que le pouvoir s’exerce aussi, et de plus en plus, par le contournement des institutions. Ces débordements des bases sociales de la droite et de la gauche échappent aux appareils qui les dirigent. L’urne n’est plus à elle seule l’expression de tous, et la rue n’est pas, elle non plus, la représentation des seuls intérêts partisans.
A travers leur importance et leur fréquence, ces « politiques contestataires » réintègrent le champ politique légitime en s’intégrant dans le cadre politique constitutionnel, normatif, et représentatif ; elles sont le signe de l’essoufflement de notre modèle délibératif actuel, qui a du mal à acter les changements déjà à l’œuvre dans notre société.
Parce que nous avons très tôt investis ces champs de politiques contestataires qui recouvrent des problématiques sociétales au cœur de nos préoccupations, « la rue » doit également être investie par les écologistes. Il nous appartient de faire le pont entre la société d’aujourd’hui et celle de demain, dans les institutions, à travers la loi, mais aussi dans la société.
Notre organisation politique doit être présente sur tous les fronts ! Une belle année de combats à mener…
Nathalie Laville, BE, chargée des Campagnes et actions et Communication
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