Les écologistes ont fait le choix, pour la seconde fois de leur histoire, de participer à un gouvernement socialiste en sachant bien que malgré les responsabilités importantes qui pourraient leur être confiées, ils y seraient largement minoritaires..
Ce choix, inscrit dans la durée, part du principe, particulièrement dans un contexte de crises, qu’il est mieux d’affronter la réalité et de mouiller le maillot dans l’effort commun que de la commenter de l’extérieur depuis la touche.
Il postule que les urgences sociales et environnementales ne peuvent attendre ni les grands soirs ni les petits matins qui chantent.
Il fait le pari que des avancées démocratiques et écologistes importantes sont possibles par la participation à cette coalition.
EELV a donc décidé pour cette raison de signer un accord programmatique assez fouillé avec ses partenaires qui désormais détiennent l’essentiel des leviers politiques du pays.
Après leur arrivée au Sénat, cet accord a ouvert aux écologistes les portes de l’Assemblée, ce qui donne à leurs propositions un écho et une exposition bien plus grands qu’auparavant.
A ce stade rien ne vient démentir la pertinence de ce choix, dont le résultat de toute façon ne peut être évalué que sur le moyen terme .
Il y a certes des choses qui plaisent plus ou moins bien aux écolos dans la politique suivie par les socialistes sur un certain nombre de sujets : c’est ce que montre par exemple leur participation aux actions en cours contre le mauvais projet de Notre Dame des landes,
Mais quand même : quelle différence entre le gouvernement de Jean Marc Ayrault et les mauvais projets de la droite qui dérive chaque jour davantage, comme le montre le duel Fillon/Copé
D’importants virages ont été pris en matière de justice, de fiscalité, d’emplois des jeunes, de moyens pour l’école, de retraites pour les carrières longues ou pénibles. D’autres vont être pris en matière de décentralisation, de cumul des mandats, de statut pénal du chef de l’État.
La feuille de route environnementale annonce des avancées sur des sujets majeurs, le débat sur l’énergie même compliqué, ouvre la perspective d’une vraie diversification. Le barrage contre les Ogm et contre les gaz de schistes tient encore bon.
Enfin les deux ministres écolos font du bon travail. Leur capacité à déplacer les lignes sur des sujets sociaux majeurs, s’avérera capitale dans les années à venir.
A rebours de ces bonnes tendances, le gouvernement a décidé cependant il y a quelques jours de reprendre à son compte sans véritable discussion au sein de sa majorité ni même apparemment au sein du parti socialiste, les principales conclusions, et pas toujours les meilleures, du rapport dit Gallois.
Les écologistes ne vivent pas en autarcie. Ils observent la forte pression sur le gouvernement.
Ils voient bien semaine après semaine l’action de sape des bastions conservateurs, de la presse de droite, des groupes d’intérêt, la convergence nocive des bénéficiaires de toutes les rentes, ils savent la menace que font peser les agences de notation. . .
Ils voient bien aussi qu’une partie de l’électorat de la majorité, redoutant l’aggravation de la crise, est partagée sur la politique à suivre dans cette situation.
Ils n’ignorent pas enfin que la compétitivité des entreprises françaises a été entravée depuis des années par des retards d’investissement et d’innovation, par les facilités de la rente foncière et aussi par la faiblesse de la négociation sociale.
Mais ils considèrent que ce n’est pas un excellent signal politique que d’avoir cédé aux pressions des lobbys patronaux sans négociation ni contrepartie sur des investissements d’avenir, sur l’emploi ou sur la sobriété énergétique.
Ils redoutent que les nouvelles et fortes réductions de dépenses publiques ne soient à l’arrivée des baisses de prestations sociales payées en particulier par des collectivités locales déjà épuisées par la pression des crises.
Ils pensent que, même compensée par une baisse sur les produits de première nécessité, la hausse par exemple du taux de TVA appliquée sur les travaux du bâtiment ou le transport serait contradictoire avec des objectifs affichés par ailleurs dans ces domaines.
Ils déplorent enfin que le report de la fiscalité écolo, pourtant annoncée par le chef de l’État ne soit pas conforme à ce qui leur avait été dit.
Et puisqu’on ne leur pas demandé leur avis dans la majorité avant de prendre la décision, personne ne peut être surpris de leur désappointement .
Il n’y a rien de scandaleux à ce que tel ou tel dirigeant écolo, s’interroge à partir de là sur la place des écologistes dans ce gouvernement.
Qui pourrait croire qu’il est le seul à gauche à douter de l’opportunité de ce virage gouvernemental ?
Mais poser à titre personnel une question n’implique pas que les écologistes pris collectivement aient envie de mettre en cause à chaque instant un cap qu’ils ont décidé après en avoir pesé mûrement toutes les facettes.
Il faut donc réaffirmer ici avec une certaine force que leur appartenance au gouvernement de ce pays est durable parce qu’ils ont le sentiment de lui être utile.
Il faut dire que leur solidarité sera d’autant plus forte que le partenaire socialiste prendra en considération sur le fond les grandes lignes de l’accord signé avec les écologistes, et sur la forme entretiendra avec eux le dialogue régulier prévu par cet accord.
Ils serait bon par exemple d’acter la proposition d’un groupe national de contact de la majorité, d’instaurer un échange bimensuel entre dirigeants des deux partis de la coalition, d’écouter mieux les parlementaires écologistes.
Ça ne supprimerait pas sans doute les différences et les divergences, mais ça limiterait peut être le risque qu’on ne dialogue que par presse et petites phrases désagréables interposées.
Jacques Archimbaud
Secrétaire National adjoint d’EELV
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