Au cœur du                                  pacte républicain, les questions de                                  l’aménagement du territoire, de                                  l’urbanisme et du logement occupent une                                  place particulière parce-que la question                                  sociale se présente bien souvent en                                  premier lieu comme une question                                  spatiale. Le cadre de vie s’avère                                  générateur d’inégalités nouvelles, la                                  première étant fréquemment celle de                                  l’accès au logement.
                                Forte                                  augmentation des prix, pénurie de                                  logements, baisse du pouvoir d’achat des                                  ménages : la crise du logement est                                  devenue une réalité incontournable en                                  France. Des décennies de laisser-faire                                  ont aggravé les difficultés rencontrées                                  par les Françaises et les Français pour                                  se loger et creusé les inégalités. Loin                                  d’être un bien de consommation courante,                                  le logement est une dépense de première                                  nécessité.
                                Pour                                  rétablir une égalité d’accès au                                  logement, il faut aborder les enjeux                                  économiques, sociaux, écologiques dans                                  une approche globale. Le projet de loi                                  pour l’accès au logement et un urbanisme                                  rénové (Alur) est structuré selon trois                                  axes complémentaires, qui marquent la                                  volonté de garantir l’intérêt général:                                  il est porteur d’une démarche de                                  régulation, d’une logique de protection                                  et d’une dynamique d’innovation.
                                La                                  régulation d’abord. Abandonner au seul                                  marché le choix de société qui découle                                  de la question du logement et de                                  l’immobilier nous a conduits dans un mur                                  que nous avons devant nous actuellement.                                  Depuis trop longtemps la politique du                                  logement et de l’immobilier s’est fondée                                  sur la certitude qu’il s’agissait d’un                                  marché comme un autre et que sa                                  dérégulation permettrait son équilibre.
                                Cette                                  approche politique a eu au moins trois                                  conséquences néfastes. Tout d’abord                                  l’asymétrie entre l’offre et la demande,                                  censée s’auto-équilibrer par la main                                  invisible du marché, n’a cessé de se                                  creuser. Ensuite, d’un point de vue                                  social, jamais les Français n’ont eu                                  autant de difficulté à payer leur loyer                                  et à avoir accès à un logement. Enfin,                                  et c’est là une faute écologique: des                                  logements ont été construits, mais                                  parfois là où il n’y avait pas de besoin                                  et souvent en consommant des espaces                                  naturels et agricoles. La sortie de                                  crise passe par la voie de la                                  responsabilité et une régulation des                                  loyers, une régulation écologique des                                  constructions, une régulation des                                  professions qui interviennent dans                                  l’immobilier et le logement.
                                Le                                  deuxième axe, c’est celui de la                                  protection. Propriétaires et locataires                                  doivent être protégés de la violence de                                  la crise. Il faut protéger les plus                                  fragiles, qui, dans une période de                                  grande tension du marché locatif, sont à                                  la merci de tous les abus. C’est                                  pourquoi le gouvernement a souhaité agir                                  avec force face aux marchands de sommeil                                  et propriétaires indélicats.
                                Il faut                                  aussi chercher à apaiser les relations                                  entre propriétaires et locataires afin                                  que se loger ou louer son bien ne soit                                  plus une épreuve de force mais une étape                                  de vie. Il faut clarifier les règles du                                  jeu. La relation entre propriétaires et                                  locataires ne peut se nouer sur le mode                                  du conflit permanent. Et l’esprit de la                                  garantie universelle des loyers, c’est                                  précisément de protéger à la fois les                                  propriétaires et les locataires contre                                  les risques: il s’agit d’une avancée                                  sociale majeure qui permettra de                                  prévenir les expulsions et de prémunir                                  les propriétaires contre les locataires                                  indélicats.
                                Enfin, il                                  est du rôle de l’État d’encourager et de                                  soutenir l’expérimentation et                                  l’innovation portées par les habitantes                                  et les habitants. Dans cet esprit, par                                  exemple, l’habitat participatif                                  constitue une manière inédite de se                                  poser la question du logement, il                                  représente une alternative viable, une                                  troisième voie entre le logement                                  individuel et l’habitat collectif.
                                Le projet                                  de loi Alur est la traduction                                  législative d’une démarche politique de                                  longue haleine, qui puise son                                  inspiration dans les revendications                                  portées des années durant par la société                                  mobilisée pour que les questions de                                  logement soient abordées dans un esprit                                  de justice sociale et que l’urbanisme ne                                  soit pas abandonné à la seule logique de                                  dérégulation.
                                Cécile                                      Duflot, ministre de l’Égalité des                                      territoires et du Logement.
                                >                                    Lire les mesures du projet de loi : Les                                      mesures du projet alur