mardi 9 octobre 2012

Budget 2013, le bon rythme ?

Budget 2013, le bon rythme ?

Le budget 2013 repose sur un pari : que la France, ramenant ses finances publiques à l’équilibre dans un délai très rapide, retrouve en deux ans les marges de manœuvre nécessaires à l’investissement dont dépendent l’emploi, la solidarité et le traitement de l’urgence écologique.

Nous ne sommes pas les seuls à le dire : le problème de cette orientation réside moins dans la nécessité de réduire la dette que dans les risques d’effets contre-productifs liés au rythme choisi.

Parce qu’un refroidissement insuffisamment gradué aura peut-être comme effet de gripper la machine dans son ensemble en bloquant les rentrées fiscales qu’aurait permis une relance sélective axée par exemple sur une prise en charge plus assumée de la transition écologique.

Parce que, malgré les priorités affichées, l’uniformité du coup de rabot sur la dépense publique pourrait bien avoir comme conséquences de désorganiser la charge de la solidarité et de la faire reposer à l’excès, en bout de chaîne, sur des collectivités locales déjà bien fatiguées.

Néanmoins les écologistes assumeront ce budget qu’ils considèrent comme un premier pas.

Il y a d’abord le fait que personne n’est pris en traître : bien avant qu’on légitime cette politique par la contrainte de tel ou tel traité européen, c’est sur ce thème que le candidat François Hollande a fait campagne ; on ne peut pas toujours se plaindre que les partis appliquent le programme pour lequel ils se sont fait élire.

Il y a ensuite les protestations qui montent des quartiers chics et qui sont un bon signe : à l’évidence, la loi de finances rétablit un minimum de dignité fiscale dans un pays où l’aggravation du déficit fut liée en grande partie aux cadeaux invraisemblables faits aux riches. Si on avait ajouté aux autres les niches anti-écologiques, notre plaisir aurait été presque complet.

Il y a enfin les politiques prioritaires dont les écologistes ne peuvent que se féliciter et, en premier lieu : le recrutement d’enseignants en grand nombre, la réorientation des politiques de la justice, l’emploi des jeunes, les premiers pas vers l’acte trois de la décentralisation, l’économie sociale et solidaire, les priorités annoncées à l’occasion de la conférence environnementale. Et, bien évidemment, le logement pour lequel les ressources mobilisées vont augmenter considérablement ; leur déploiement montrera à chaque habitant ce qu’est l’écologie en action : dynamique, populaire et solidaire.

Au total, ce premier budget présenté par la gauche dans un contexte de forte crise incarne un cap différent et les parlementaires écologistes prendront sans état d’âme leurs responsabilités.

Après avoir proposé comme c’est normal les améliorations qu’ils jugent utiles pour mieux prendre en charge la transition écologique, après avoir indiqué les économies supplémentaires qui pourraient naître d’une action plus résolue contre les gaspillages de notre société, ils le voteront.

Comme dans toutes les communes, les départements ou les régions des exécutifs desquels ils participent.

A ceux qui leur reprochent tour à tour un excès d’indépendance ou trop d’alignement, ils continueront ainsi à opposer une tranquille conviction.

Plutôt que d’être sur le bord de la route et de cultiver l’art facile de la protestation, il faut être dans l’attelage, participer à la définition du cap, rester soi-même et mener le débat, partager et affronter les difficultés.

Sans cela, il n’y aura toujours que le gouvernement des mêmes par les mêmes et aucune solution nouvelle ne verra jamais le jour.

Jacques Archimbaud

Secrétaire National Adjoint à la Coordination

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