Le 5 février 2012
Najat Vallaud-Belkacem
Porte-parole de François Hollande
Avec ses propos sur l'inégalité entre les civilisations, Claude Guéant opère une synthèse politique parfaitement cohérente entre les discours de Nicolas Sarkozy à Dakar et à Grenoble, et assume désormais une pensée qui établit une hiérarchie de valeurs entre les hommes, selon qu'ils appartiennent à telle ou telle civilisation.
Devant un public conquis sur le plan des idées, faute d'être acquis sur le plan électoral, le ministre de l'Intérieur a ainsi dévoilé son adhésion aux thèses du différentialisme ethnique et culturel développées par la Nouvelle Droite des années 1970 et 80. Ce nouveau racisme, qui masque mal ses intentions en utilisant le terme de civilisation plutôt que celui de race ou de religion, n'en défend pas moins des thèses à l'encontre de ce que la communauté internationale a précisément voulu défendre en signant la Déclaration universelle des Droits de l'Homme, le 10 décembre 1948.
Aucun «contexte» ne saurait justifier la confusion volontaire entre une «civilisation» et un «régime politique» : sur le fond comme sur la forme, de tels propos, tenus par un ministre de l'Intérieur en exercice, dans les murs de l'Assemblée nationale, sont d'une gravité sans précédent dans la République.
Si on tolère une telle déclaration, plus rien n'empêchera demain un ministre de la République de revendiquer l'infériorité des races, ou la supériorité d'une religion sur une autre : il sera trop tard pour se plaindre.
Ce ne sont pas les civilisations, ou les cultures, qui ne se valent pas, mais bien les politiques menées et les gouvernements qui en sont responsables… Celui auquel appartient M. Guéant laissera un triste souvenir dans l'histoire des valeurs de ce pays.
Il est urgent que ces propos soient désavoués par celles et ceux qui, à droite, estiment encore que le débat d'idées dans la campagne présidentielle doit rester dans le champ républicain.
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